La Grande Démission (Great Resignation) est un phénomène de démissions professionnelles qui a commencé aux États-Unis à partir de juillet 2020, à la suite de la pandémie de Covid-19, lorsque des millions d’Américains insatisfaits de leur travail ou de leur salaire ont quitté leur emploi (ébauche d’article sur Wikipédia)
« Le phénomène de la “grande démission” aux États-Unis pourrait être en train de se répandre “dans le monde entier”, rapporte le Washington Post. Alors que 4,3 millions de travailleurs américains ont quitté leur poste au mois d’août, et qu’un nombre record de 10,3 millions d’offres d’emploi non pourvues a été atteint en septembre aux États-Unis, le nombre d’habitants des pays membres de l’OCDE ne travaillant pas et ne cherchant pas de travail a bondi lui aussi de 14 millions depuis le début de la pandémie » (courrier international le 18/10/2021)
Ainsi 1 entreprise sur 5 dit avoir du mal à recruter, faute de candidat.
Alors d’où vient ce revirement de situation qui arrive aussi en France ?
En plus de 20 ans d’accompagnement des actifs (salariés, demandeurs d’emploi, travailleurs handicapés…), j’ai constaté une dégradation évidente des conditions de travail qui a engendré une souffrance des salariés ; souffrance aussi bien physique (avec des inaptitudes ou des accidents du travail) que psychique (avec du stress, de l’anxiété allant jusqu’au burn-out). Cette souffrance est également constatée par les médecins du travail qui ont déjà alerté sur les risques pour la santé des salariés.
Lorsque j’interroge mes bénéficiaires de bilan sur ce qui ne leur convient pas dans leur activité, la plupart d’entre eux expriment un manque de reconnaissance et de considération. Les salariés estiment s’être impliqués dans leur job pour finalement ne pas avoir de retour de la part de leur entreprise : « on me dit ce qui ne va pas mais jamais ce qui marche bien », « j’ai toujours fait mes heures voir plus et lorsque j’ai demandé à partir plus tôt on me l’a refusé » ; « si j’arrive 5 minutes en retard on me le fait remarquer alors que je pars toujours plus tard » ; « quand je partais à 17h le vendredi je me suis entendu dire « tu prends ton après-midi ? »»… Toutes ces petites remarques, ces petits « pics » s’accumulent et engendrent une dévalorisation constante des personnes.
Au manque de reconnaissance s’ajoute d’autres causes de souffrance : surcharge de travail avec l’impression de ne jamais pouvoir finir le travail et d’être submergé et débordé en permanence ; manque d’autonomie et de possibilité de pouvoir gérer son planning, son temps ou ses tâches ; parcellisation du travail qui ne permet pas de voir le sens du travail à faire ; coupures permanentes des activités par les mails, sms, travail en open-space ; dématérialisation et depuis la pandémie télétravail forcé qui isole et permet moins les échanges conviviaux entre collègue…
Cette détérioration du travail, qui devient impersonnel, est parfois le résultat des rachats successifs des entreprises ; j’ai souvent entendu des témoignages de personnes m’expliquer que leur petite entreprise familiale s’était transformée depuis que le patron avait vendu ou depuis la fusion avec tel ou tel grand groupe… « on ne voit plus le patron », « on n’est plus que des pions ».
Nous assistons peut-être à un bouleversement des choses ; les salariés, arrivés au bout, ne seraient-ils pas en train de réussir à inverser la tendance ? Les entreprises ne devraient elle pas enfin considérer l’humain comme une réelle ressource plutôt que comme un simple maillon que l’on peut interchanger, déplacer, humilier (peu importe, il y en a 50 qui attendent). Va-on enfin considérer le bien-être au travail comme une valeur aussi importante que la rentabilité ? Certains patrons l’ont compris et évoluent dans le bon sens ; espérons que l’ensemble du monde économique s’engage dans un nouveau management plus humaniste, responsabilisant et respectueux.
Si vous aussi vous souhaitez démissionner, ne le faites pas sur un coup de tête ! Il existe des dispositifs pour vous préparer comme le bilan de compétences.
Employeurs, si vous voulez fidéliser vos équipes, travaillez sur le bien-être de vos salariés.